La famille de Crécy

« D’argent au lion de sable »


   On a dit que la famille de Crécy était venue de Picardie en la personne de Simon de Crécy qui se croisa et mourut en Palestine en 1333. Ancienne maison connue depuis le 12ème siècle. Renaud de Crécy se croisa en 1190, Odon en 1240, et Gilbert en 1248 Les seigneurs de ce nom sont connus en Bourgogne bien avant cette date. Jean et Eudes de Crécy sont pleiges en 1240 de Gauthier de Courtivron avec Gui et Jacques du Fossé, dans une contestation relative au village de Villey, annexe de Crécy. Les deux frères dont l’un est qualifié de Messire sont encore garants de l’affranchissement des hommes de Jacques de Saulx en 1285. Barthélémy de Crécy est vassal de Jean de Fouvent en 1295 (preuves de Vergy). Ces citations établissent une antériorité incontestable sur l’arrivée de Simon de Crécy en Bourgogne et la différence graphique entre : Crécy, Cressy, Crecey, Créssey n’ajoute ni ne retranche rien à cette démonstration. Le nom de Crécey, village bourguignon prenait indifféremment toutes ces formes.

   La famille de Crécy, issue d’une branche cadette de l’ancienne famille de Saulx prit son nom d’un très ancien village qui lui fut donné en fief. Ce village connu dès 878 sous la forme latine de Criciaca Finée (chartes de bourgogne) ou Criciacum (chroniques de Bèze) éprouva de grands malheurs. Les descendants de ses seigneurs déjà cités siègent en la grande assemblée de 1314 qui repoussa la gabelle. Peu après on les vit en rapport avec les Châtillon- en- Bazois et les Blaizy.

   Béatrix de Chaudenay, veuve de Crécy (lequel) vend à Guillaume de Blaisy tout ce que son mari lui a laissé en douaire sur ses biens de Crécy : Percey le Grand et Fouvent, les témoins sont : Robert d’Avost, Philibert de Blaisy et Perrenot de Crécy en 1361. Jean de Crécy fils de Simon de Crécy et de Béatrix de Chardoine, est en même temps époux d’Izabeau de Blaisy, sœur d’Alexandre et de Marguerite de Blaizy, femme de Guiard de Pontailler, maréchal de Bourgogne, de sorte que les Blaisy étaient les seigneurs de Crécy et les Crécy, seigneur de Blaisy. Par une singulière coïncidence Etienne de Crécy, seigneur de Percey le Grand et Genevrey, avait pour vassal sur ses fiefs Guillaume de Gy dont la famille traite à Montbard avec Guillaume Gyot de Ménetreux le Pitois. Autre rapprochement : Agnès de Châtillon en Bazois, dame de Bussy-le-Grand et alors femme d’Olivier de Jussey, le plus grand personnage de la cour des Ducs de Bourgogne, était une héritière de Gui le Bézors de Chaseul et dame de Crécy. Des liens étroits existaient donc entre les anciens possesseurs de Ménetreux et la nouvelle dynastie seigneuriale.

   Du mariage de Jean de Crécy avec Izabeau de Blaisy, naquit Nicolas 1er de Crécy, marié à Jeanne du Tremblay, fille de Guy du Trembloy seigneur en partie des Laumes et de Venarey. Jean mourut et en 1343. Nicolas eut un procès avec son oncle Alexandre de Blaizy pour le douaire de sa mère Izabeau, ce qui ne l’empêcha pas de se ranger sous la bannière de cet oncle contre les anglais en 1364. Le traité qui mit fin à la querelle amena la cession d’une partie de Blaizy, Verrey et Sainte –Sabine. Malgré cet accroissement de fortune, Nicolas souscrivit une obligation à Guillaume de Bèze, marchand à Dijon, On ne doit pas s’étonner de semblables effets de la part des grands seigneurs de l’époque. Tous les frais d’équipement, d’entretien et des dépenses nécessitées par les expéditions militaires alors si fréquentes, étaient à leur charge et les actes de notaires fourmillent de leurs lettres de gageries pour quelques aunes de draps. Cette pénurie d’argent donnait lieu quelquefois à de singuliers débats. La famille de Blaisy nous en offre un exemple : Geoffroy de Blaisy, seigneur de Mauvilly, ayant affranchi moyennant finance, un certain nombre de serfs de mainmorte, et remis quelque censes à ceux de Meulson sans avoir au préalable eu le consentement d’Alexandre de Blaisy son neveu dont il était vassal, s’attira par cet affaiblissement des droits de fiefs, la confiscation des habitants au profit du suzerain qui les donna à un autre membre de la famille, Jean de Blaisy en 1372.

   Jean, du Tremblay héritier de la plupart des biens de ses parents, épousera Marguerite d’Oiselet d’une famille Franc- Comtoise.
Les d'Oiselet descendent d'un des premiers Comtes de Bourgogne Etienne II qui eut de Blandine de Cicon un bâtard richement doté par Etienne d'Oiselet
Sa fille unique Marie du Trembloy épousera Katerin de Serin, seigneur d’Yrouère en partie au baillage de Noyers et lui apportera en dot les seigneuries des Laumes et Venarey en partie. Il décèdera vers 1440.

   Après le décès de son mari Marie commence à dilapider sa fortune. Le 5 juin 1443 son cousin germain, Jean de Crécy la fait mettre sous curatelle après qu’elle ait donné en gage sa seigneurie des Laumes à Guy de Pontailler. Il faudra, après la mort de Marie du Trembloy, que Jean de Crécy en septembre 1447 obtienne des lettres royales pour récupérer les Laumes.
Nicolas 1er de Crécy fournit une longue et honorable carrière militaire, ne négligeant pas plus la situation de sa famille que celle de son pays. Il semble par son impétuosité et un tempérament querelleur avoir été le digne gendre d'un beau-père valeureux guerrier. C'est lui qui, en 1371, âgé d'à peine 18 ans leva des hommes d'armes à sa solde pour rançonner et piller deux villes (Susannecourt et Thonance) appartenant à l'évêque de Châlons-sur-Marne dont il aurait eu "juste sujet de se plaindre". Il devra en 1377 se faire pardonner cet écart de conduite par Charles V Roi de France qui lui enverra des lettres de rémission " par égard pour les services qu'il a, par la suite, rendu au roi dans ses guerres".

   Filiation suivie depuis Nicolas de Crécy vivant en 1370. Seigneur de Percey le Grand, Courchamps et de Grenant, seigneur en partie de Blaisy dont il tient de sa mère une partie importante, seigneur de Thounance aux Moulins, de Montreuil. de St Martin et de Lantilly.
Maintenue de noblesse pour ses descendants le 30 août 1667.
Il mourut vers 1393, laissant quatre enfants :
. Une fille : Izabeau, qui épousa Jean de Rochefort, écuyer, bailli d’Auxois et seigneur de Ménetreux le Pitois par acquisition d’une partie du village et comme mari d’Isabeau qui avait reçu en dot ce que sa famille possédait sur son territoire. Il cède la charge de bailli d’Auxois à son beau frère, Monsieur le Marquis de Damas d’Antigny.
Au décès de leur sœur, peu après le décès de son mari, sans postérité, les frères recueillirent l’héritage.

   Jean l’ainé, était bien en cour auprès des Ducs Valois par son mariage et par ses services occupe une position influente. Il obtient le 5 juin 1443 du Parlement de Dole une nomination de curateur de damoiselle Marie du Trembloy sa cousine germaine à cause de sa prodigalité. Il était temps, car Marie du Trembloy avait déjà commencé à engager ses biens pour se procurer de l'argent, elle avait donné en gage sa seigneurie des Laumes à Guy de Pontailler et il faudra après sa mort que Jean de Crécy en septembre 1447 obtienne des lettres royales adressées au bailli de Sens pour récupérer Les Laumes. Mais ce n’était qu’une mesure conservatoire, analogue à nos instances de référé. Procès s’ensuivit qui ne devait se terminer que le 24 mai 1486 par une décision du Parlement de Paris en faveur des enfants de Jean de Crécy. Ceux-ci furent solennellement intronisés comme seigneurs des Laumes le 16 avril 1487. Voilà donc un procès qui a duré 40 ans, délai qui en dit long sur la rapidité de la justice au XVème siècle.

  Il avait suivi Jean sans Peur en Artois en 1414, il est nommé Gouverneur des châteaux d'Isles (en Champagne)° et de Juilly par Philippe le Bon le 21 octobre 1425, il est écuyer d'écurie du duc de Bourgogne Philippe le Bon en 1426, . Il sera en 1433 un des chefs de troupes du Duc et avait reçu maintes preuves de l'estime dans laquelle on tenait ses services guerriers. En 1432 il fut adjoint à son beau-père Guillaume du Bois qui avait lui-même succédé à Jean de Rochefort beau- frère de Jean de Crécy dans la charge de bailli d'Auxois. Sa mission de confiance, délicate entre toutes consistait à faire rentrer la taxe spéciale de 40.000 livres votée par les États de Bourgogne pour subvenir aux guerres du Duc. Seigneur de Venarey et des Laumes
Marié à Jeanne Du Bois, eut en vertu du partage ou emporta ce que Jean de Rochefort avait « ez lieu de Lantilly et Cormaillon, tout en hommes, femmes, justices, seigneuries comme autrement Ménétreux et toute la terre de Chancel-Lambert (Chasselambert) » advenus par répartition faite après le partage de leur sœur. Mais les Crécy apprirent que dans l’estimation des terres de Jean on n’avait pas tenu compte d’une rente de 80 livres tenue en fief par Alexandre de Blaisy et sa femme Catherine de Montagu, rente qui devait faire retour à Jean. Cet oubli amena un nouveau partage.

  Porté seigneur de Ménetreux dans la liste des nobles du baillage de Semur en Auxois, il fut au moins soixante ans seigneur de Ménétreux. Sa vie entière se ressentit de l’activité des camps. En 1411 il parait à Semur où les nobles étaient convoqués pour s’opposer aux entreprises de Jean de Chalon, Comte de Tonnerre, qui s’était rangé du côté des Armagnacs et avait déjà ravagé quelques cantons de l’Auxois. Il suivit le duc dans ses lointaines expéditions et supporta toutes les fatigues du fameux siège de Melun en 1420. Il reçut même du duc une gratification pour services rendus dans cette circonstance et peut-être aussi comme dédommagement des pertes causées à Ménétreux et Venarey par les courses de Jean de Chalon. Par lettres du 21 octobre 1425, il est nommé Capitaine de Juilly et gouverneur de L’Isle en Champagne. En 1435, il est lieutenant du bailli d’Auxois et commissaire spécial du baillage avec Jean d’Aligny pour traiter d’un emprunt dont il donne quittance au receveur des aides. L’année suivante il dresse l’état des dépenses faites au château de Salives et le pillage du château de Mussy-la-Fosse exécuté par ceux qui se prétendaient les héritiers de Gui de Bar mort en 1437, qui eurent leurs contrecoups sur ses propriétés de Venarey en 1444. La vie des camps ne l’empêcha pas de donner toute son attention à ses affaires domestiques :
En 1408 :
- Il signe à son frère Oudot, une garantie pour objets d’orfèvrerie,
- Rachète à son frère Philippe le domaine de Mènetreux qui lui échappait,
- Gère la tutelle de ses neveux : curateur des mineurs Jeanne, Antoine et Robert, céda en douaire à sa belle-sœur, reversible à ses pupilles la terre de Grenant, leur réservant la ville de Crécy et ses forêts.
-Règle le douaire de leur mère Perrenette de Marey,
-Il soutient ses droits seigneuriaux à Blaisy contre les chanoines de St Etienne de Dijon, est témoin avec Jean de Lugny, d’une déclaration des habitants de Véronnes, protège encore des droits sur Trouhaut, dont les habitants avaient été condamnés à faire guet et garde au co-seigneur de Blaizy.
- Enfin en 1460, il est seigneur de Lantilly et de Venarey dont il tenait la forteresse et mourut en 1469, laissant des biens aux baillages de Dijon, Autun, Dole, Auxois et d’Aval, à ses enfants dont plusieurs suivaient le parti des armes au service du Duc de Bourgogne.
-. Oudot, épousa Isabelle de Saulx et eut Ste Sabine provenant de sa sœur. Il est seul en cause dans un procès et ses frères se portent caution.

  Philippe eut tout ce que Jean avait et possédait en la ville et finage de Ménetreux avec le droit au moulin des Champs et 100 livres d’argent. Ce qui laisse supposer que Jean eut Lantilly et les autres biens attribués à Philippe dans le 1er partage de 1414. Philippe ne garda pas Ménétreux. La même générosité qui l’avait porté à céder à sa sœur Izabeau une rente de grains assise sur les terres de Juilly- les- Semur, lui fit remettre Ménétreux à Jean auquel ce domaine convenait mieux. Philippe conserva les terres de Véronne, de Genevrey, de Percey le Grand et de Créssy surtout, ce berceau de la famille environné de grands bois ayant un pied au Duché et l’autre en Comté. Il soutient ses frères dans un double procès, l’un contre les religieux de St Etienne de Dijon en 1424 pour droits seigneuriaux de Baume la Roche et l’autre contre ceux de St Seine pour Trouhaut et Blaisy. Philippe mourut jeune, laissant trois enfants à Perrenette de Marey sa femme qui ne tarda pas à se remarier à Jean de Chaumergis. Les Crécy devinrent possesseurs de Ménétreux à l’époque la plus calamiteuse de son histoire. Les Anglais occupaient la région.
Innocent de Cressy : Le rôle des feux de 1470 indique pour seigneur de Ménétreux, les hoirs ou héritiers de Jean de Crécy et les sires de Talmay. Divers renseignements permettent de croire qu’en recueillant l’héritage de leur père, les fils de Crécy attribuèrent la terre de Ménétreux à Innocent leur frère, prêtre, licencié en droit, chanoine d’Autun et aumônier du Duc de Bourgogne. Innocent connut-il beaucoup Ménétreux ? Le procès avec Fontenet prouve l’intérêt que le seigneur prit à une cause si chère à ses administrés.

  Du reste, ce procès est le fait capital, propre à nous initier aux secrets de la vie communale de ces serfs qu’on se plait tant à nous montrer comme courbés sous le joug des servitudes féodales. La sentence arbitrale qui en a été conservée met en évidence combien était vivace et puissant l’esprit de corps en 1470. La commune de Ménétreux est constituée sur les bases les plus larges, sa liberté d’action n’a rien à envier à nos formes actuelles les plus libérales. Ses garanties d’indépendance sont aussi complètes et ses droits efficacement protégés. Alors comme aujourd’hui, il fallait pour plaider l’autorisation du pouvoir hiérarchique supérieur, et les engagements du corps des habitants n’avait de valeur qu’après ratification des mêmes autorités. En cela, le vieux système, n’ayant rien de différentiel est à la hauteur de notre époque, mais il la dépasse de beaucoup par son caractère populaire. Tous les habitants sont appelés à s’éclairer, à délibérer ensemble, dans une assemblée générale, à traiter des intérêts communs et à se prononcer en nom collectif. Toute question communale amène ainsi nomination de commissaire ou procureur spéciaux chargés d’étudier, de discuter, de prendre avis et de faire un rapport à l’assemblée, et après délibération, les commissaires élus sont investis du pouvoir de faire tout acte conservatoire, traiter, transiger, stipuler devant toute juridiction, sous réserve d’examen et de ratification. Certainement le suffrage universel n’a pas encore donné à nos communes et à sa représentation conseillère autant de liberté qu’en avaient les habitants de Ménetreux en 1470.

  Des événements venaient de changer la face de la Bourgogne. Charles le Téméraire est assassiné en 1474 sous les murs de Nancy. Il laisse ses vastes domaines à sa fille la jeune princesse Marie. Louis XI avait trop bien préparé ce résultat désastreux pour n’en point profiter. Déjà certains seigneurs des plus influents étaient secrètement gagnés à sa cause et au dessous d’eux, beaucoup d’autres recevaient l’or, les domaines ou les dignités que le roi leur faisait offrir. Il exigeait qu’on lui prêtât serment de fidélité au préjudice de l’héritière du duc défunt. Les nobles du baillage de Semur s’y soumirent et dans la prévôté de Montbard on cite en 1478 : Nicolas II de Crécy seigneur de Venarey, Claude Poinsot d’Eguilly, Guillaume Daubenton et Robert de Saigni. Le roi poursuivait avec acharnement les partisans bourguignons et récompensait largement les royalistes. Eurent le plus de parts à ses largesses : Les Jaucourt, Les La Trémouille, les Vaudrey, les Blaissy.

  Nicolas II, écuyer, seigneur de Venarey, de Courcelles sous Grignon en partie, épousa en 1476, Jeanne de Vaudrey, veuve de Jean de Vaïthes. De cette union naitra au moins cinq enfants : Jean, Jeanne, Antoinette, Marguerite et Pernette ou Perronelle.

  Les trois frères Guillaume, Jean et Innocent de Crécy restèrent fidèles à Marie de Bourgogne, fille unique du Duc Charles. La princesse se réfugie en Flandres, seule province qui lui reste. Pour échapper aux griffes du roi de France elle finira par épouser en 1491 Maximiien d’Autriche et apportera ainsi à la Maison de Habsbourg non seulement la Flandre mais aussi la Franche Comté.

  Les deux premiers suivirent la princesse à Gand.

  Jean de Crecy est cependant porté sur les rôles de 1480 seigneur de Lantilly et Ménétreux. Il suivit Marie de Bourgogne en Flandres au détriment de son intérêt. En effet tous ses biens en Bourgogne hérités tant de ses parents que de son frère Innocent lui furent confisqués en 1479 par lettres royales entérinées par les gens de la Cour des Comptes de Dijon le 10 avril 1480. Ses biens furent dévolus à son frère ainé Nicolas, seul rallié à Louis XI. Il ne devait plus rentrer en Bourgogne. Grâce à sa femme, Agathe de Lisac, il trouva facilement à se réinstaller en Picardie où celle-ci avait de grands biens. Il vivra à Laon où il succède en 1488 à son beau-père Jean de Lizac dans la charge de Prévôt du Laonnois. Il sera à sa mort enterré en terre picarde laissant ses 4 fils à la charge de sa veuve.

  Guillaume: Tout comme son frère Jean suivit Marie de Bourgogne en Flandres. Il épousa en 1eres noces Guillemette de Goux dont il n’eut pas de descendance et en 2èmes noces Guillemette Calumet dont il eut Léonard de Crécy décédé en 1563 qui transigea sur procès avec Guillaume Virot, conseiller au Parlement et François de Charrey, seigneur d’Aubigny en 1563.

  Innocent : Il eut l'honneur d'être le chapelain, l'aumonier particulier de Charles le Téméraire. Cette importante fonction lui permit de collectionner les canonicats (Autun, Cambrai, la Ste Chapelle de Dijon, Besançon, Anderlecht en Belgique) et les prébendes lucratives qui leur étaient attachées. Il a accompagné le duc dans ses déplacements et le musée de Gruyère (Suisse), montre dit-on une chasuble brodée aux armes des Crécy ayant appartenu à Innocent lors de la malheureuse expédition bourguignonne en cette région, à Morat. Resté fidèle à Marie de Bourgogne, il fut envoyé par celle-ci comme ambassadeur auprès du Saint-Siège pour plaider la cause de sa suzeraine. Ne survivant que très peu de temps à ces aléas, il mourut à Rome en 1478 au cours de cette ambassade.

  Leurs biens furent confisqués et leur frère Nicolas, seigneur de Venarey, accepta leurs héritages dont il prit possession le 10 avril 1480. La lettre du gouverneur de Bourgogne pour le roi, contient ceci :

-« Nicolas de Crécy, écuyer, reçoit don pour divers services par lui rendus au roi, notre sire, des biens confisqués sur Jean et Guillaume frères dudit Nicolas leur ainé et à eux appartenant tant à cause de feu messire Innocent de Crécy décédé à Rome, leur frère que de feus leur père et mère ez baillage de Dijon, Autun, Dole, Auxonne et Aval : ladite confiscation ayant été faite à cause que lesdits Guillaume et Jean tiennent parti contre le roi et qu’ils sont depuis longtemps au pays de Flandres. »

  Nicolas II de Crécy s’étant concilié la faveur de Louis XI, intercèdera pour son oncle Geoffroy de Crécy, abbé de Flavigny,

  Geoffroy de Crécy est le seul Crécy à avoir porté la crosse et la mitre en sa qualité d'abbé régulier de l'Abbaye de St Pierre de Flavigny dont il prit possession en 1474 et qu'il devait diriger jusqu'à sa mort en 1508. Il fut enterré dans son église abbatiale où subsiste sa pierre tombale. Sa position spirituelle le plaçait au- dessus des contingences terrestres, Il n'en marqua pas moins son hostilité au nouveau régime en incitant la ville de Flavigny à faire des difficultés aux gens du roi venus prendre possession un peu cavalièrement de la Cité. De concert avec les habitants de cette ville, il s’était d’abord déclaré pour la princesse Marie et avait repoussé les avances du roi. Les habitants reçurent des lettres d’abolition en 1478. Cette résistance leur coûta cher et quoique promptement revenu au roi, il en résulta une lourde amende, ils durent payer 5000 livres de rachat que, loyalement Geoffroy aida à payer en empruntant à son frère Nicolas 1.000 livres tournois. Ce Geoffroy fit de grandes fêtes à Flavigny en 1481 à l’occasion de l’ouverture du reliquaire de Ste Reine et d’autres chasses de Saints. Artus de Vaudrey, Nicolas de Crécy et de nombreux seigneurs y accoururent. Il décéda le 16 mars 1508, ses armes représentaient un lion rampant, Son administration fit de l’abbaye la sépulture des Crécy. Antoine est inhumé au cloître, Miles dans la nef en Août 1503.

  La mort de Louis XI en 1483, soulagea beaucoup de monde : le peuple pressuré, les nobles humiliés, respirèrent, et les compères du vieux roi tremblèrent de se voir arracher le fruit de tant de confiscations. Les plaintes surgissaient de toutes parts : le pouvoir royal y fut sensible et le Parlement de Bourgogne prenant au besoin la défense des anciens proscrits. A Ménétreux, Jean et Guillaume de Crécy, frères de Nicolas virent lever le séquestre mis sur leurs biens, du moins en 1503, ils sont tous portés sur une liste officielle pour leurs biens sur Ménétreux, Venarey et Lantilly Que devenait Nicolas II ? Son rôle s’efface devant la famille : son fils Jean reprend de Venarey en 1501, tandis qu’il se retire dans son château des Laumes où il meurt en 1503, Leur mère fit Jean héritier universel et par là, seigneur de Venarey et de Ménétreux en obtenant de ses filles le désistement de leurs droits paternels, moyennant une somme versée à chacune d’elles. Jean fit en 1517 un brillant mariage avec une pupille de Girard de Vienne et de Guillaume de Pontailler- Talmay ses oncles : Izabeau de Ternant qui lui apportait en dot des rentes assisses sur la terre d’Apremont.

  Jean se vit assiéger de soucis qui abrégèrent sa vie. Adriette de Crécy, sa sœur, femme de Claude de Villers eut avec les Lénoncourt un long procès dont en qualité de chef de famille il eut tout l’embarras car il s’agissait d’un bien paternel. Marguerite de Crécy, son autre sœur, épousa le 17 mai 1505 au château de Venarey, Pierre Damas de la branche de Morande, écuyer, seigneur de Morande, de Courcelles sous Grignon, et en partie de Bussières. Ils eurent au moins 4 enfants. Elle épousa ensuite Hector de Châlons, seigneur de Landreville. Elle plaide aussi pour les droits de Courcelle sous Grignon et lui-même est recherché par les La Rochechouart successeurs des Blaisy pour terres échangées autrefois à Lantilly, Massingy et Venarey. Son autre sœur Pernette ou Perronelle de Crécy, épousa le 13 juillet 1494 Alexandre de Damas, chevalier, seigneur de Villiers, d’Athies, de Sanvignes, de la Granges, de Montmarin, de Cressy, d’Alligny, de Roilly, de Mavilly, de Chantault, de Corcelotte, de St Didier et de Pazilly. En 1521, Alexandre Damas acheta une partie des terres de Lantilly et Chasselambert d’Alain de Stainville. Ils eurent 7 enfants. Elle eut en dot ainsi que ses autres sœurs, 3000 livres.

  Jean mourut jeune en 1538, laissant à sa veuve le soin de marier ses deux filles. Jeanne fut mariée en 1539 à Nicolas d’Edouard seigneur de Grimaut à qui elle apporta en dot certaines chevances et seigneurie d’Arnay sous Vitteaux acquise par sa mère du comte de Châteauvillain. Cette famille d’Edouard venue d’Angleterre contractait alors en Bourgogne de bonnes alliances en particulier avec les Gillan de Thenissey. Andriette seconde fille de Jean de Crécy épousa Claude de la Trémouille-Bresche devenu par ce mariage seigneur de Ménétreux.

  Antoine, fils de Jean de Crécy eut le château de Venarey et les terres de la seigneurie, sa fille Claude épousa Jacques de Chaugy auquel elle porta la terre des Laumes. Judith sa sœur, fut mariée à Claude de Clugny seigneur d’Aisy en présence de Vespasian de Gribaldi, archevêque et abbé de Moutier-Ramey : leur fils Charles épousa Anne de la Palu et Isabeau de Crécy fut unie à Etienne de Vingles seigneur de Quemigny qui vendit cette terre à Brigandat.

  Une autre Pernette, fille de Marguerite fut mariée à Jean de Marbeuf seigneur de Varennes.

  Pierre de Crécy, de la compagnie d’Aumale, déclare en 1576 n’avoir plus de communion avec Marie Bonnant sa femme. Il résidait au « Préau de Pouillenay. »

  Jacques de Crécy, de Mirebeau, abjure publiquement la messe à Is- sur Tille en 1610.

  Ferdinand- Denis, seigneur de Chevannes, Comte de Crécy, Baron de Rye, en 1790 lieutenant colonel au 1er régiment de chevau-légers, chevalier de St Georges, chevalier de St Louis est un descendant des Crécy.

1790 : Sa postérité vit encore.

  Une soustraction d’une partie des titres de la famille de Crécy à Dijon en 1790 nous prive de toutes les lumières qu’on aurait pu puiser à la lecture de ces pièces authentiques.


Source: Mme Nicole Simon "Morceaux d'histoire de la très ancienne paroisse de Monestériolum"